Entretien avec Antoinette et Raphaël

De la fin des études universitaires à la création de leur entreprise 

« L’eau est le côté concret de la science, l’aspect vital dont nous ne pouvons nous en passer »

Diplômés depuis 2018, Antoinette et Raphaël sont passés dans les locaux de la Fondation afin d’échanger sur leurs parcours universitaires, les différentes expériences post-fac mais également les projets d’avenir avec notamment leur entreprise Mesur’eau.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Antoinette et Raphaël : « Bonjour, nous sommes Raphaël Colmet-Daâge and Antoinette Jestin, deux jeunes ingénieurs diplômés de Grenoble INP-Ense³ passionnés par les enjeux liés à la ressource en eau en France comme à l’étranger.»

Vous avez été diplômés en 2018 à l’Ense³. Comment pouvez- vous résumer votre parcours universitaire ?

A / R : « Après une prépa classique, nous avons quitté en septembre 2014 nos régions respectives(Arras pour Antoinette et Toulouse pour Raphael, ndlr) pour rejoindre Grenoble et intégrer l’école Ense³ pour y étudier les sciences de l’eau (filière Hydraulique Ouvrage et Environnement) et comprendre les enjeux majeurs liés à l’eau dans le monde entier et principalement dans les années à venir avec les incidences du réchauffement climatique et de la raréfaction de la ressource en eau). En deuxième année (2016-2017), nous avons tous les deux effectué une année de césure internationale (deux projets différents) pour comprendre concrètement sur le terrain les impacts réels du réchauffement climatique et de la raréfaction de la ressource en eau.

Antoinette : En deuxième année, mon projet de césure au Vietnam (Laboratoire Care) et en Equateur (projet de solidarité) a été soutenu par la Fondation par une bourse internationale de mobilité. Ensuite, en dernière année, j’ai réalisé mon PFE à Grenoble, à l’IGE (Institut des Géosciences et de l’environnement) sur un projet étudiant l’influence humaine sur la ressource en eau dans un bassin versant dans les Alpes. Plusieurs enquêtes ont été effectuées auprès des acteurs de la gestion de l’eau (agriculteur, industries, mairies, station de skis) pour connaître la quantité et saisonnalité des prélèvements de l’eau.

Raphaël : Quant à moi, en première année j’ai fait un stage interculturel de 10 semaines en Argentine, avec l’association ISF Argentine (Ingénieurs Sans Frontières Argentine). La Fondation m’a permis de faire ce stage et comprendre la place de l’ingénieur citoyen dans notre société. A la fin de ma deuxième année, j’ai également fait un projet de césure qui consistait à rejoindre le Brésil, là où j’ai grandi, sans prendre l’avion (à pied, en voiture-stop puis en bateau-stop).. Enfin, en dernière année, j’ai réalisé mon PFE à l’Ifremer en Corse, sur un projet de compréhension du climat et du cycle hydrologique de micro-estuaires et lagunes méditerranéennes. Cela m’a permis d’effectuer plusieurs missions de terrain pour la  mesure de la qualité et du débit de petits fleuves et m’a donné le goût de mettre en  pratique les savoirs théoriques de l’école.

Quels ont été vos projets post-fac ?

A : J’ai rejoint l’ONG WWF Philippines pour participer à un projet de photoidentification des requins baleines dans la baie de Donsol en bénévolat pendant cinq mois. Il s’agissait également d’étudier la relation entre la présence de requins baleines et la qualité de l’eau de la baie. J’ai aussi participé à un projet de création de zone marine protégée sur l’ile Ticao, en participant à des inventaires de la faune et de la flore dans la zone. Le travail de terrain a été très présent durant cette expérience et j’y ai pris goût, pour le concret.

R: J’ai continué de travailler en Corse durant 5 mois supplémentaires et j’ai poursuivi par un projet de sensibilisation pour la protection de la mer et de la flore et faune maritime. Ce projet intitulé « Voile à’musée » a été porté par l’association Voile Actée et consistait en pratique à accoster différents ports de Bretagne et étaler notre exposition sur les quais afin de toucher le public local et les vacanciers. Ce fût une belle expérience qui m’a donné envie de continuer à travailler sur la protection des milieux aquatiques sur terre mais également en mer.

La crise sanitaire a impacté beaucoup de jeunes sur le plan personnel et professionnel. Comment avez-vous réussi à gérer vos projets en ces temps difficiles ? 

A : En janvier 2020, nous avons pris la décision de partir en voilier (en « bateau-stop » avec des gens qui avaient besoin d’équipiers) vers les Caraïbes à la recherche d’un nouveau projet en lien avec l’eau. Nous voulions trouver du travail sur l’une des îles et tenter une nouvelle aventure. Malheureusement, en mars 2020, nous nous sommes retrouvés bloqués à la Barbade à cause de la Covid-19. Là-bas, nous avons rencontré un québécois qui nous a embauchés pour faire du maraîchage. 

R : En juin, dès que la situation nous l’a permis, nous avons rejoint la Guadeloupe et nous nous sommes renseignés pour comprendre la gestion de l’eau dans cette région et voir s’il y avait une perspective d’emploi. Nous avons vite réalisé que pour travailler dans ce secteur, il faut connaître plus de personnes et avoir des relations locales. Nous sommes restés un mois en Guadeloupe et, sans projet d’emploi, nous avons décidé de revenir en France Métropolitaine et de réfléchir à un projet concret.  

Parlons de la Fondation Grenoble INP. Vous avez été étudiants-boursiers lors de vos études. Quelle(s) expérience(s) avez-vous pu en tirer ? Qu’est-ce que la bourse de la Fondation vous a apportée ? 

A / R : Grâce à la Fondation Grenoble INP nous avons pu réaliser de grands voyages à l’étranger dans la thématique de l’interculturalité et de l’accès à l’eau et comprendre le rôle de l’ingénieur citoyen dans la société actuelle.

R : J’étais membre de l’association étudiante Ingénieurs Sans Frontières Grenoble, grâce à quoi j’ai pu aller à la découverte de l’association Ingénieurs Sans Frontières Argentine. Ensemble, nous avons pu partager nos expériences respectives sur l’aide internationale et nationale et discuter des difficultés de l’accès à l’eau dans les territoires isolés d’Argentine. J’ai aussi contribué à un projet de mise en place de réserve d’eau et de potabilisation de l’eau dans une petite communauté dans la province de Colonia Dora.

A : Je suis partie au Vietnam et j’ai participé à un projet de recherche au Centre Asiatique de la Recherche sur l’Eau (CARE). Il s’agissait d’un projet étudiant l’élimination des polluants des eaux usées salines intégrant la conception et la réalisation de bancs d’essais et de protocoles expérimentaux en équipe avec des étudiants vietnamiens. J’ai également réalisé un autre projet en Equateur dans la communauté Sacha Wasi où j’ai participé à la vie de la communauté, à l’aide concrète dans des projets de construction, d’agriculture, de reforestation et d’enseignement de l’anglais.

A / R : La Fondation nous a permis de croire en la réalisation de nos projets. Le coup de pouce financier mais également les conseils que la Fondation a pu nous apporter nous ont confortés dans nos choix et dans nos ambitions de découvertes internationales.

Vous avez monté une entreprise en 2020, Mesur’eau. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

A / R : Nous avons créé Mesur’eau en 2020 afin de répondre à notre besoin d’engagement pour l’amélioration et la préservation des milieux aquatiques et de la mer. C’est une entreprise spécialisée dans la mesure de petits débits d’eau, l’analyse physico-chimique de l’eau, les enquêtes auprès des acteurs de la gestion de l’eau ainsi que le traitement des données récoltées. Toutes nos expériences en France et à l’étranger ont éveillé en nous une volonté de participer à des  projets concrets sur la ressource en eau.

Bien que vous ne soyez plus étudiants, comment la Fondation Grenoble INP peut-elle vous aider dans vos projets professionnels ? Qu’attendez-vous de la Fondation ?

A / R : La Fondation a cru en nos projets auparavant et a toujours été à notre écoute. Nous pensons qu’elle peut nous aider grâce à son réseau mais également par son accompagnement, son soutien.

L’ensemble du réseau de partenaires de la Fondation peut ainsi nous connaître plus facilement, et cela pourrait susciter chez certains une envie de collaborer avec nous ou encore de nous parrainer pour le lancement de cette petite entreprise Alumni.

Nous sommes très heureux et confiants sur la réussite de notre entreprise.

Avez-vous d’autres ambitions futures ?  Pouvez-vous nous en parler ?

A/R : Nous voulons partager les données de terrain (qualité de l’eau, débits, questionnaires) que nous récolterons en France et un peu partout dans le monde sur des plateformes libres d’accès. De nombreux organismes publics tels que Météo-France, l’Agence de l’eau, la DREAL essayent déjà de bancariser les données de terrain et les mettre en libre service, nous voulons y contribuer. Nous aimerions également réaliser des formations concrètes de terrain en France et à l’étranger pour des jeunes et adultes voulant, comme nous, agir sur le terrain.

Avez-vous des conseils à donner à des jeunes étudiants ? A des étudiants-boursiers ? A des jeunes entrepreneurs ? 

A / R : Les expériences à l’international sont sources de connaissances et d’idées innovantes pour lutter contre des problématiques qui sont importantes pour chacun de vous, et mettre en avant vos valeurs. Nous avons choisi le domaine de l’eau, à vous de choisir le vôtre ou les vôtres !

Si vous avez envie d’entreprendre, vous pouvez être soutenus par beaucoup d’organismes comme la Fondation Grenoble INP ou la PepiteOzer.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Mesur’eau, n’hésitez pas à consulter le site internet :https://mesureau.com/

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