Journée internationale du sport féminin : entretien avec Juliette Bergman

La Journée internationale du sport féminin est une journée célébrée chaque année pour promouvoir l’égalité des sexes dans le sport et mettre en avant les réalisations des femmes dans le monde sportif. À cette occasion, nous avons rencontré Juliette Bergman, étudiante à Grenoble INP – Génie Industriel et sportive de haut niveau en escalade sur glace.

Peux-tu te présenter en quelque mots ?

Je m’appelle Juliette Bergman, j’ai 22 ans, je suis étudiante ingénieure à Grenoble INP – Génie Industriel et sportive de haut niveau en escalade sur glace. Je fais partie de l’équipe de France pour la 3ᵉ année maintenant.

Comment est venu ton amour pour ce sport ?

Des amis m’ont « forcée » à m’inscrire à une initiation lors d’un festival. J’étais déjà grimpeuse mais j’avais beaucoup de préjugés sur le dry-tooling (l’escalade avec des piolets) : je pensais que c’était une activité très physique et « bourrine » où il faut des gros muscles pour réussir à grimper ! Finalement, j’ai été séduite par la partie technique de ce sport, que je n’avais pas imaginée. Comme on utilise des piolets, on ne touche pas les prises directement et il faut beaucoup de sensibilité pour comprendre sur quoi on tient. C’est toujours ce qui me plaît le plus dans ce sport.

Quels sont tes objectifs sportifs et professionnels pour les années à venir ?

Au niveau sportif, je souhaite continuer à progresser sur le circuit international pour atteindre les finales puis peut-être les podiums en coupe du monde. Je souhaite aussi réaliser des ascensions marquantes en haute-montagne, qui est la suite logique de mon sport.

Sur le plan professionnel, il me reste deux ans et demi d’études à Génie Industriel. Je souhaite continuer à réaliser mes stages dans des marques et structures liées au monde de la montagne et aller à l’étranger.

Quel événement t’as le plus marquée dans ta carrière sportive ?

Je pense à ma première victoire à l’ICE Climbing écrins en 2020. En effet, bien que ce soit une petite compétition, c’est la première fois que j’ai ressenti du flow lors de mon escalade. De plus, la voie de finales commençait par un mouvement très aléatoire qui me faisait peur alors, j’étais super fière de l’avoir réalisé !

Quelles femmes sportives sont inspirantes pour toi ?

Beaucoup de sportifs et de sportives m’inspirent et je ne suis pas inspirée par une femme « parce que c’est une femme » mais simplement pour ses réalisations indépendamment du sexe. En montagne, je pense à Lise Billon qui est impressionnante sur tous les plans. En compétition, la suissesse Sina Goetz est mutante, elle fait des mouvements super durs, elle grimpe vite et elle ne zippe jamais !

Penses-tu que le sport féminin est suffisamment valorisé ?

Le problème est complexe. Il me semble logique de médiatiser équitablement les femmes et les hommes dans la mesure où ils s’investissent autant dans leur pratique et méritent donc la même reconnaissance. Mais dans les sports de montagne, il y a parfois des films sur des cordées féminines dont l’ascension tentée est bien en-dessous du niveau des films habituels avec des cordées majoritairement masculines. La seule raison d’être du film est alors de montrer une cordée féminine … Mais comme les images sont tout sauf impressionnantes, de mon point de vue, cela dessert la cause. En effet, je pense qu’il vaut mieux avoir peu de films comportant des athlètes féminines, mais que celles-ci soient aussi impressionnantes que les hommes, plutôt que d’ancrer dans l’imaginaire collectif que les femmes ne font que des ascensions faciles.

Quels messages voudrais-tu faire passer aux femmes pratiquant un sport ?

Il ne faut pas se mettre de barrières mentales parce qu’on est une femme !
J’ai parfois animé des initiations d’escalade sur glace et j’ai fait le constat suivant : une majorité de femmes partent du principe qu’elles n’en sont pas capables, alors elles n’essaient pas, ou à moitié, et elles sont satisfaites si elles ont réussi à grimper quelques mètres. Alors qu’une majorité d’hommes sont réellement là pour arriver en haut et ils sont disposés à se battre pour cela ! Alors oui, les garçons ont naturellement une musculature plus développée. Mais ce que je remarque le plus souvent, c’est que les femmes qui ne réussissent pas parce qu’elles ne sont pas aussi combatives.
Je pense qu’il faut accepter de forcer et de sortir du cliché « les filles font du sport tout en douceur et en finesse ». Il faut se battre pour progresser si ça vous tient à cœur !

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