Former les ingénieur·es de demain aux enjeux de durabilité dans l’électronique : telle est l’ambition de la nouvelle Chaire Électronique Durable, portée par la Fondation Grenoble INP grâce au mécénat de plusieurs entreprises majeures du secteur : Elsys Design (Groupe Advans), LYNRED (mécénat de compétence), STMicroelectronics et Thales. Pilotée par Pierre Benech, enseignant-chercheur à Grenoble INP – Phelma, UGA, cette chaire vise à intégrer les dimensions environnementales et sociétales au cœur de la formation des ingénieur·es en électronique de l’école.
Nous avons rencontré son titulaire pour en savoir plus sur ses enjeux, ses objectifs et les transformations qu’elle souhaite impulser.
Pourquoi lancer une chaire sur l’électronique durable aujourd’hui ?
Depuis plus d’un siècle, l’électronique n’a cessé d’évoluer et d’apporter des bénéfices considérables à la société. Mais comme toute grande invention, elle a aussi ses limites. Aujourd’hui, face aux défis environnementaux et à la rareté des ressources, il devient essentiel de repenser nos pratiques.
Cette chaire a pour objectif de faire réfléchir les futurs ingénieurs, non plus uniquement en termes de performance technique, mais aussi en termes de durabilité des solutions qu’ils développeront. Il s’agit d’un changement de paradigme dans la manière de concevoir l’électronique.
Quels sont les grands enjeux auxquels cette chaire veut répondre ?
Nous voulons donner aux étudiants les clés pour réduire l’impact environnemental de l’électronique sur l’ensemble de son cycle de vie : de l’extraction des matériaux à la conception, jusqu’au recyclage des équipements devenus obsolètes ou irréparables.
Cela implique de s’interroger sur la sobriété des circuits, la réparabilité des objets, leur ré-usage, leur recyclabilité, mais aussi sur le traitement des effluents industriels. Et surtout, de questionner l’utilité réelle des objets électroniques pour éviter les productions superflues.
Comment cela va-t-il concrètement transformer la formation des élèves-ingénieurs ?
Nous allons introduire des modules de formation spécifiques sur 7 filières de formation de l’école Phelma : cours, conférences, hackathons ou encore MOOC. Ces contenus viendront compléter la formation technique indispensable à tout ingénieur.
L’objectif est de former nos étudiants à réfléchir autrement, à faire preuve d’imagination et à intégrer les enjeux de durabilité dès la conception.
Quel est le rôle des partenaires industriels dans cette chaire ?
Les partenaires industriels de la chaire travaillent depuis plusieurs années sur la réduction de leur impact environnemental. Ils apportent des exemples concrets, des méthodologies éprouvées, et surtout, ils montrent que rien n’est inéluctable.
Leur engagement est double : financier et en compétences. Ils interviennent dans les formations, partagent leurs expériences, et contribuent activement à la transformation des pratiques.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux futurs ingénieur·es engagés dans cette démarche ?
Qu’ils osent penser autrement. L’électronique durable ne se limite pas à des contraintes techniques : c’est une invitation à innover, à imaginer des solutions sobres, utiles et responsables. En cultivant leur curiosité, leur créativité et leur sens critique, les étudiants peuvent devenir les moteurs d’une transformation profonde de la filière. C’est entre leurs mains que se dessine l’électronique de demain.