La chaire d’excellence industrielle AugmentIA, portée par la Fondation Grenoble INP, le groupe Artelia et l’institut sur l’Intelligence Artificielle Miai Cluster, a été inaugurée le 27 mars dernier. Elle s’est donnée pour objectif d’apporter de nouveaux outils dans le domaine de l’ingénierie, en s’appuyant sur l’IA générative.

« Ne pas remplacer l’homme, mais l’augmenter, pour améliorer ses capacités, en mettant la science au service de l’humain ». En introduction de l’inauguration de la chaire d’excellence industrielle AugmentIA, qui s’est déroulée le 27 mars dans les locaux de l’école Grenoble INP – Ensimag, Vivien Quéma, Administrateur général de Grenoble INP – UGA, a rappelé la mission qui sous-tend la création de cette chaire innovante, dont l’objectif est d’intégrer l’intelligence artificielle dans l’ingénierie. À cette occasion, Benoît Giroud, Directeur de la Fondation Grenoble INP, a souligné que « avec AugmentIA, nous inaugurons la 16ᵉ chaire de la Fondation depuis sa création il y a bientôt 15 ans », témoignant ainsi de l’engagement continu de la Fondation en faveur de l’excellence et de l’innovation.
Issue d’une collaboration entre la Fondation Grenoble INP et le groupe Artelia, qui intervient comme mécène, la chaire AugmentIA est portée par Grenoble INP – Ensimag, UGA et par le laboratoire d’informatique de Grenoble (LIG)*. Elle a été développée en partenariat avec le cluster MIAI (l’institut interdisciplinaire pour l’intelligence artificielle de l’UGA), pour une durée de trois ans. Présent dans 140 pays, le groupe Artelia est l’un des leaders mondiaux du conseil en ingénierie et en gestion de projets dans 5 domaines : Eau, Energie, Mobilité, Bâtiment et Industrie. « Nous sommes convaincus que l’IA va bouleverser nos métiers et il nous a semblé important de prendre en main le sujet », explique Pierre Carlotti, directeur scientifique du groupe Artelia.
*CNRS / Inria / UGA / Grenoble INP – UGA
Valoriser le patrimoine documentaire des groupes industriels

L’objectif de cette chaire sera d’exploiter le patrimoine documentaire des groupes industriels, grâce à l’intelligence artificielle générative, pour faciliter le travail des ingénieurs, lors de la rédaction de dossiers techniques ou de rapports, pour lesquels ils sont amenés à rechercher des informations précises dans ces bases de données. « La chaire aura pour but de valoriser ce patrimoine grâce à l’IA et de permettre une appropriation de ces nouveaux outils par les ingénieurs, explique Didier Schwab, titulaire de la chaire et professeur à l’UGA. L’objectif est également de favoriser le transfert de connaissances vers les étudiants, en intégrant ces résultats dans des programmes pédagogiques existants ou futurs ».
Les travaux de la chaire, menés par la doctorante Markarit Vartampetian et la post-doctorante Diandra Fabre devront également relever les défis posés par les modèles de langue. En s’appuyant sur l’IA générative existante, ils viseront à optimiser l’exploitation des bases de données d’entreprise par les ingénieurs, indépendamment de leur langue. « La conservation et l’accessibilité de notre patrimoine de connaissance, accumulé au travers de nos projets depuis plus de cent ans, est un enjeu très important pour Artelia. Nous sommes convaincus que l’IA générative va pouvoir nous aider dans cette voie », s’est félicité Renny Perréol, Chief data office du groupe Artelia.
Vers une IA responsable et éthique

Si l’objectif d’AugmentIA est d’améliorer les performances et d’aller vers une « ingénierie augmentée », cette chaire d’excellence s’inscrit également dans une démarche de responsabilité sur la question du développement de l’IA, en plaçant les enjeux humains et environnementaux au cœur de sa démarche. À l’occasion de l’inauguration de la chaire, la table ronde « Vers une IA responsable : cadre juridique, impact social et empreinte carbone » a permis d’explorer le cadre actuel dans lequel l’IA se développe et ses perspectives. Amélie Favreau, Professeure et Directrice de la Fédération de Recherche INNOVACS – UGA est revenue sur les questionnements posés par l’IA dans le domaine de la propriété intellectuelle, sur lequel il existe aujourd’hui « plus de questions que de réponses ». Elle a également abordé le sujet des modèles d’IA à haut-risques, développés dans certains domaines particulièrement sensibles comme l’éducation et pour lesquels il est nécessaire de garantir « la transparence et le contrôle humain de l’algorithme ».
L’accès à ces technologies, notamment pour les personnes ayant des problématiques de communication ou porteuses de handicap a également été évoqué. « Aujourd’hui, ces personnes sont sous-représentées dans les données sur lesquelles se basent les modèles d’IA, ce qui soulève de vrais enjeux », a appuyé Amélie Rochet-Capellan, chercheuse au CNRS, dont les travaux portent sur les interactions entre la communication parlée et le corps.
« IA frugale »

Enfin, la question de la « frugalité » de l’IA a été évoquée par Nguyen Kim Thang, professeur à Grenoble INP – Ensimag, UGA. Si aucune donnée précise n’existe aujourd’hui sur les émissions de CO2 générées par l’IA, le numérique dans sa globalité représente 10% de l’électricité consommée en France et 4% des émissions globales de CO2 à l’échelle mondiale. « Il y a une opportunité pour réfléchir aujourd’hui à une nouvelle approche, avec des modèles plus petits, qui consommeraient moins d’énergie tout en ayant des performances raisonnables ». Autant de pistes pour développer une approche responsable et éthique de l’IA, qui constitueront le fil rouge de la chaire AugmentIA.