En mode start-up pour aider des associations locales

Quand une vingtaine d’étudiants se met en mode start-up pour aider des associations locales

Se former à l’entrepreneuriat social tout en aidant des associations locales ? C’est ce qu’ont proposé SenseSchool et la Fondation Partenariale Grenoble INP à des étudiants de Grenoble. En trois ans, 19 volontaires ont répondu à l’appel et soutenu Soleni, l’Association des Paralysés de France et Emmaüs Connect. Retour d’expérience.

Une formation terrain à l’entrepreneuriat social

Ils ont en moyenne 23 ans et viennent d’horizons variés et complémentaires. Thomas (1 e année d’études en grande école de commerce), Syrielle (1 e année de Licence Chimie-Biologie), Mounir (2 e année d’études en Systèmes Énergétiques et Marchés à Grenoble INP – Ense3), Pauline (diplômée d’études en design et scénographie)… Tous ont participé au cours de ces trois dernières années à une « SenseAcademy » pour venir en aide à des associations locales tout en développant leur esprit entrepreneurial. Une occasion de « contribuer à un projet utile et de donner du sens à ses études » selon Antonine, 21 ans, participante de l’édition 2014.

Loin des bancs de la fac, ces 19 étudiants ont été propulsés pendant deux mois dans la peau d’entrepreneurs par le biais d’un programme de formation dispensé par SenseSchool, grâce au soutien de la Fondation Grenoble INP. Chaque année, par groupe de 5 à 8, « ils ont appris à développer leurs savoir-être (créativité, empathie, leadership…) et à manier des techniques de start-ups pour faire face aux problèmes posés par les associations », souligne Aurélia, en charge des formations. « Une expérience professionnelle et humaine incroyable » à en croire Tanguy (participant de l’édition 2016), qui recommande vivement l’expérience et invite tout étudiant à « foncer sans hésiter ». La formation affiche d’ailleurs un taux moyen de recommandation de 9,5/10, un niveau rarement atteint dans des formations plus « classiques ».

Le principe est simple : l’association présente une problématique à laquelle elle est actuellement confrontée, par exemple « Comment engager plus de foyers dans la réduction de leur consommation énergétique ? » (Soleni, en 2014), et les étudiants s’engagent à y répondre. L’objectif ? Produire en peu de temps une solution fonctionnelle pour résoudre le problème. Afin d’y parvenir, ils suivent un processus inspiré du design thinking, au fil duquel ils sont formés à différentes techniques entrepreneuriales, le soir et le week-end. En d’autres termes, ils se rendent sur le terrain pour diagnostiquer le problème, faire émerger des idées pertinentes, puis les tester et les améliorer, dans une dynamique itérative et immersive.

À l’issue de leur processus d’apprentissage et de prototypage, ils « pitchent » (ou « présentent », dans le jargon startup) leur solution aux porteurs de projet et responsables de la formation. L’occasion de constater année après année que chacun y gagne avec ce format : les étudiants font le bilan de leurs nouvelles compétences acquises sur le terrain, et les associations repartent avec une solution ou un concept utile, concret et applicable. De quoi démultiplier leur impact social et innover dans leurs activités.7

Des solutions concrètes pour les associations

L’aide des étudiants est précieuse pour ces associations, qui peinent parfois à trouver des ressources humaines ou financières pour répondre à leurs problématiques de développement ou manquent simplement de recul pour trouver des solutions à leurs défis. Jean-Jérôme Calvier, Directeur Général Adjoint du Groupe Ulisse était ainsi curieux de recevoir le « regard nouveau, créatif que peuvent avoir des étudiants sur une thématique de société ». Pour Soleni (entité rattachée au Groupe Ulisse), les étudiants ont par exemple créé un dispositif pédagogique permettant l’apprentissage de bonnes pratiques énergétiques à travers un calendrier et des outils ludiques. Une solution simple et pratique qui a remporté l’adhésion des équipes de Soleni et a permis d’accompagner la structure dans sa lutte contre la précarité énergétique (un sujet qui concerne près de 4 millions de Français).

Les années suivantes, l’ Association des Paralysés de France (et son antenne l’ ESAT Pré-Clou , édition 2015) et Emmaüs Connect (édition 2016) ont confirmé l’intérêt du concept et partagé le même enthousiasme. Face à la proposition de créer une communauté de « connecteurs » pour fédérer les bénévoles d’Emmaüs Connect et favoriser leur engagement, Timothée Leenhardt a confirmé avoir été « très satisfait des solutions proposées » et « réfléchit désormais activement à la façon de les mettre en place » avec son équipe.

Bien que l’impact final des solutions proposées soit parfois difficile à mesurer, l’ensemble des acteurs impliqués s’accorde à dire que c’est une expérience profitable à tout point de vue. Car au-delà des idées proposées, les SenseAcademies sont des aventures humaines qui permettent de stimuler l’esprit d’innovation au sein des associations et de créer des expériences professionnelles uniques pour ces étudiants en début de parcours. Un carrefour pluridisciplinaire qui « permet de faire se rencontrer des publics qui ne se rencontrent jamais » (ou rarement), selon Jean-Jérôme Calvier.

Une expérience fondatrice pour les étudiants

Innovation, entraide, convivialité, impact social, esprit d’équipe, créativité… sont les mots que les participants retiennent en sortant du programme. Venus pour la plupart avec la volonté d’aider des associations à accroître leur impact et d’apporter des idées utiles à la société, ils repartent avec de nouvelles compétences pratiques et parfois un nouveau regard sur des enjeux sociétaux.

Pour Thomas, 20 ans, participant à la SenseAcademy de l’Association des Paralysés de France, ce fut une expérience très riche :

« J’ai appris à travailler en équipe, à mieux m’organiser et à prendre des responsabilités. Le fait de découvrir la réalité des ESAT [Établissement et service d’aide par le travail] a vraiment changé ma manière de voir les choses. », confie-t-il.

Même constat pour Anthony, 23 ans :

« C’est la découverte du monde social à travers une immersion totale qui rend l’expérience extrêmement enrichissante. »

Pour sa part, Adrien, 24 ans, résume les avantages-clés de la formation en trois points :

  • « Cela nous donne l’opportunité d’aider une entreprise qui a impact positif sur la société.
  • Cela nous place en face d’un “commanditaire” réel avec ses besoins et ses contraintes propres (c’est professionnalisant).
  • Cela nous permet d’expérimenter des méthodologies et des outils efficaces pour innover. »

Le concret, la possibilité d’apprendre sur le terrain, de tester ses idées, de se tromper et de s’améliorer sont autant d’autres atouts régulièrement cités par les étudiants. Pour beaucoup, il est très complémentaire aux cours et aux études, comme en témoigne Antonine :

« Cette expérience m’a fait prendre du recul par rapport à tout ce que je fais en cours. J’ai vraiment eu le sentiment de servir à quelque chose, de me rapprocher du monde professionnel, de me bouger tout simplement ! Ce qui n’est pas toujours le cas, quand je suis assise en amphi à écouter des cours qui ne m’intéressent pas toujours ! ».

Certains enseignants, comme Christophe Rippert, professeur à l’Ensimag, recommandent même à leurs étudiants d’y participer. Pour lui, « C’est l’école du futur ! ».

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